Nommé parrain de l’Olympique Alatais, l’Ajaccien, sélectionneur de l’équipe de France U17, évoque ce nouveau rôle dans un environnement familier, mais aussi ses missions au sein de la Fédération française de football.

« Le club fait un très bon boulot avec les jeunes »

Cette fonction est avant tout honorifique mais avez-vous la volonté d’aller au-delà ?

Honnêtement, le club fait un très bon boulot avec les jeunes. Moi, j’aurai juste un œil un peu extérieur avec la possibilité de discuter et d’échanger avec les éducateurs sur la façon dont je travaille. Cela se matérialisera plus par des conseils amicaux que par une méthode.

José Alcocer en plein échange avec les jeunes du club Fanny Hamard

Votre quotidien demeure les équipes de France jeunes. Comment s’est passée cette année chargée ?

En ce qui concerne la Coupe du monde et l’Euro U17, ce n’était pas moi puisque cela concernait les 2008. Pour ma part, j’ai accompagné les 2003, 2005, 2007 et je suis actuellement en charge des 2009, avec lesquels on a eu huit rassemblements tout au long de l’année et avec qui nous nous sommes qualifiés au mois d’octobre pour le prochain tour de qualifications. Celui-ci aura lieu en mars et l’objectif sera de terminer premiers de notre poule pour se qualifier directement à la fois pour la Coupe du monde et pour l’Euro.

À 16-17 ans, on voit déjà quels seront les futurs grands joueurs ou ce n’est pas forcément une science exacte ?

Il y a un peu des deux. On arrive à voir les qualités des joueurs et d’un côté, on peut les projeter et se dire que certains vont arriver tout en haut mais après, il y aura peut-être des blessures, des choix de carrière ou des comportements qui peuvent tout remettre en question. Donc même si on décèle un potentiel, on n’est jamais sûr de rien.

Comment composez-vous vos groupes en faisant en sorte que personne n’échappe à vos radars ?

Il y a plusieurs choses. Moi, je vais voir des matchs de U19 ou U17 avec mes propres joueurs, et cela me permet d’en observer d’autres. J’ai par exemple assisté à GFCA-Monaco ce samedi. En parallèle, on a accès à tous les matchs en vidéo puisque les clubs filment les rencontres et nous les envoient. 

On a également la chance d’avoir des cadres techniques qui, au besoin et à ma demande, peuvent aller voir des matchs spécifiquement pour observer un joueur ou une équipe.

J’ai aussi des échanges réguliers avec les clubs et les centres de formation qui n’hésitent pas à me solliciter pour me parler de certains joueurs, ou au contraire me dire par exemple : « J’en ai un qui est vraiment bon mais attends quelques mois, le temps qu’il prenne ses marques et s’épaississe un peu ».

En janvier, je vais faire un stage avec 34-35 joueurs et tout ça me permet de convoquer à la fois des jeunes qui viennent habituellement, mais aussi d’autres qui n’ont jamais été là, pour les confronter à ce niveau. C’est là que je peux voir ceux qui peuvent continuer ou pas.

À la Coupe du monde avec les Bleus cet été

Vos missions au sein de la FFF ne s’arrêtent pas là puisque vous jouez également un rôle auprès de l’équipe de France A…

Oui, ça fait huit ans que j’ai la chance d’avoir la confiance du coach et du staff et j’ai eu le privilège d’être avec eux à la Coupe du monde 2022, au Championnat d’Europe 2024, sur la Ligue des nations… Ça fait partie de notre travail puisque tous les sélectionneurs de jeunes travaillent pour l’équipe de France A en tant qu’observateurs.

José Alcocer parrain de l’Olympique Alatais Fanny Hamard

C’est-à-dire ?

À chaque rassemblement international, le coach nous envoie, en fonction de nos disponibilités, à l’étranger pour observer les matchs des futurs adversaires et faire un rapport sur ce que nous avons vu. Il analyse sans aucun problème mais il aime bien recueillir des informations qui émanent du terrain. On fait ça pour les éliminatoires mais aussi lors des phases finales.

Alata en bref

Digne héritier de l’Olympique Ajaccien, qui a longtemps compté parmi les places fortes du football insulaire, notamment à la fin des années 70 où il a atteint la D3, l’Olympique Alatais a été fondé en 2019. Avec une volonté assumée de faire la part belle aux jeunes, le club implanté à Barthélémy-Silvani compte aujourd’hui 208 licenciés, des débutants aux U18, chapeautés par Dumè Compas, responsable sportif.

Vous serez donc à la Coupe du monde cet été ?

C’est prévu oui. Et puis avec ce tournoi gigantesque, je pense qu’on sera plus nombreux que lors des précédentes.

Votre avis sur le tirage au sort et les chances des Bleus ?

Je trouve que malgré tout, le groupe est assez dense. Mais l’équipe de France fait toujours partie des favoris et j’espère qu’on fera au moins aussi bien qu’en 2022 (défaite en finale contre l’Argentine, ndlr).

On évoque souvent une société qui perd ses valeurs, notamment en ce qui concerne le respect, la politesse ou l’éducation. Vous qui êtes au contact des jeunes, c’est quelque chose que vous ressentez plus qu’il y a quelques années ?

Non parce que le football est vraiment un vecteur d’intégration, d’insertion et de respect des valeurs. On voit souvent ce qui ne va pas mais à côté de ça, il y a un travail quotidien colossal réalisé par les clubs, les dirigeants, les bénévoles…

Auprès des gamins, le rôle éducatif du football est très, très fort. Je croise beaucoup de jeunes très sympas et respectueux. Lorsque ce n’est pas le cas, on est là pour leur dire que ce n’est pas le bon comportement. Les gamins restent des gamins qui font parfois des erreurs, comme on a pu en faire avant eux. Les accompagner, les guider, leur donner les codes et leur inculquer les bonnes valeurs, cela fait aussi partie de notre mission.

José Alcocer parrain de l’Olympique Alatais Fanny Hamard

C’est pour ça que le football, et le sport en général d’ailleurs, est si important dans notre société.

Un mot sur l’ACA pour finir : comment avez-vous vécu sa chute et quelles sont les répercussions sur le football et la jeunesse corses ?

J’ai vécu ce cataclysme tristement, comme tout le monde. Ce qui est dommage, c’est que le club avait fait beaucoup d’efforts en termes d’infrastructures et de moyens humains pour se maintenir tout en haut depuis tant d’années. C’était un exemple. Le fait qu’il n’ait plus le statut pro, c’est une grosse perte pour les gamins qui pouvaient atteindre ce niveau car il y avait un vrai parcours pour eux.

Avec un SCB en mauvaise posture, l’ACA en R2 et le GFCA en N3, on est forcément beaucoup moins doté en termes de représentativité pro et forcément, ça donne moins de chances aux jeunes Corses d’accéder à ce monde-là. Après un cycle exceptionnel il y a quelques années, celui-là est malheureusement beaucoup plus compliqué.

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